Au fond, on voitles HLM avec le premier immeuble ou habitaient des musulmans et seulement 2 français Mr Rodies et Mr Romo.En bas le deuxieme batiment ou residaient les français.Les familles Camiliéri,Boyer,Collet,Condo etc.. Le troisieme etait en construction et une fois terminé ça sera quelques habitants du 1er et pratiquement tous du 2eme qui déménagent vers la nouvelle construction.

A droite du dernier batiment qui maintenant n'existe plus,on voit les terres de Mr GITTON qui me rappellent tant de bons souvenirs.Ce n'est pas tres nette mais il me semble meme apercevoir la ferme, chere à Mr HUBERT SAINT JEVIN.

Oui BOUZID, je la devine ma petite ferme accrochée aux collines, pareillement à nos cœurs à ce village.
Comme je l’exprime souvent, dans cette petite ferme, une famille d’une simplicité d’existence baignait dans la quiétude.

Je me demande si la maison, cochée d’une croix, n’appartenait pas à mon oncle et ma tante Mouchez.
A gauche de leur maison demeurait un juge, M. Giraud.
En face, de chez eux, habitait un notaire (il me semble maitre Hivair), ainsi que la famille "Goriace" dans l’angle de cette rue.
Mon oncle Mouchez avait une ferme, à Chabet-El-Ameur, qu’il avait construit de ses propres mains. Chacun de ses ouvriers et leur famille était logeait et disposait d’un peu de terre et de bâtiments pour leurs animaux. Mon Oncle était très estimé de ses ouvriers. Pour les fêtes chaque enfant d’ouvrier recevait un cadeau. Quant-il parlait de ses ouvriers, il disait « mes gens » Il avait une dizaine d’ouvriers comme Belkacem ami est responsable de ferme, Méziane, Saïd, Fatma et d’autres dont le temps a effacé la mémoire des noms. Malheureusement, pendant les événements, sa ferme fut brulée et Belkacem assassiné. Mon oncle en mourut de chagrin quelque temps plus tard.

En parlant de simplicité d existence de cette famille,je peux vous assurer Hubert que Mr GITTON était tres estimé par les musulmans de cette époque là.

BOUZID, effectivement mon oncle était apprécié par pas mal de musulmans, mais cela ne là pas empêché d’être la victime de trois attentats. Blessé dans sa chair et dans son esprit, il n’a jamais compris cette violence. La violence des hommes ! Il aurait pu dénoncer certains de ses agresseurs, mais il savait le sort qu’ils encourraient et il ne l’a jamais fait et ce par respect de l’être humain.
Moi, à cette époque où je n’avais pas encore dix ans, j’étais en accord avec lui. Je le trouvais courageux. Pourtant lorsque mon grand copain Armand fût assassiné et que mon mulet (eh oui mon mulet Cadet) fut tué mon esprit changea. Une haine naissait en moi et ceux que je voyais d’alors comme des copains ou amis n’étaient plus que d’affreux personnages.
Je pense que si j’avais eu vingt ans à l’époque, j’aurais été O.A.S. si j’avais été Algérien j’aurais été F.L.N. et cela uniquement parce que la déchirure avait frappé un peuple. Un peuple qui s’aimait, mais dont la politique Française menée déplorablement depuis toujours, les fît divorcer.
La guerre engendre la haine et la haine rend les gens aveugle et sourd.
Combien d’hommes, d’enfants et de femmes, des différentes communautés, ont payé de leur vie la violence des hommes.
Nous en avons tous été les victimes. Et nous les Français d’Algérie avons dû abandonner la terre ou nous étions nés.

Les guerres ont toujours étaient moches et sales HUBERT et beaucoup d'innoçents ont payé de leur vie.Quand à Mr GITTON on savait qu'il a était menacé,car on ne peut pas plaire et étre aimé par tout le monde meme en temps de paix,alors en temps de guerre je vous le fais pas dire Hubert.A cette époque là, il n'y a pas un algérien qui n'a pas eu un membre de sa famille touché.Il me semble Hubert qu'il faut oublier ou essayer d'oublier et ne penser qu aux bons souvenirs vécus dans notre chere MENERVILLE.

Mon seul dégoût va vers les politiciens de l’époque BOUZID et non plus envers mes amis Algériens avec lesquels j’ai usé mes fonds de culotte à l’école ainsi que ceux avec qui j'ai partagé mes jeux d’enfants.
Mais je ne pardonnerai jamais, à de gaulle, sa politique.
Bien amicalement à toi BOUZID (tu pourrais me tutoyer, nous sommes du même bled)ainsi qu’à tous mes amis de Ménerville.